Pourquoi réhabiliter la ligne ?

Des arguments forts plaident en faveur de la réhabilitation de la ligne ferroviaire Evian-les-Bains-Saint-Gingolph. Il faut tout d’abord bien noter que le projet du RER Sud-Léman est inscrit dans :

  • le Schéma de Désenclavement du Chablais, approuvé par le ministère des Transports le 7 février 1999 ;
  • le Schéma de Cohérence Lémanique des Transports révisé en 2017 ;
  • la Stratégie de Mobilité du Chablais portée par le SIAC en 2018 ;
  • le Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires adopté en mars 2019.

D’autre part, nous avons maintenant que la ligne est toujours « ouverte à la circulation », mais « suspendue d’exploitation ».

Achever la liaison ferroviaire de Genève au Valais par le sud du lac Léman

Si le projet du RER Sud-Léman est revenu en grâce ces dernières années, c’est pour partie grâce à la réalisation en cours de la liaison Cornavin-Eaux Vives-Annemasse (connu sous l’acronyme CEVA). À l’ouverture de ce maillon fin 2019, et la mise en place du Léman-Express (nom commercial du RER franco-valdo-genevois), la ligne Evian-Saint-Gingolph deviendra officiellement le dernier maillon dans la boucle ferroviaire du lac Léman.

À terme, le Léman-Express pourra se prolonger sur la rive sud du Léman, via Evian-les-Bains et Saint-Gingolph, en direction du Valais.

Offrir une alternative à la seule route départementale

Actuellement, pour vous déplacer entre Evian-les-Bains et Saint-Gingolph, la solution la plus simple est de vous engager sur une route sinueuse où circulent en moyenne 12’400 véhicules par jour (source OFROU 2018, contre 8’900 véhicules en 2008), dont 120 à 130 poids-lourds.

Parallèlement, pour qui veut utiliser les transports en commun, le choix est limité :

  • 5 bus interurbains, qui mettent 50 minutes à 1 heure pour parcourir les 23 km qui séparent Saint-Gingolph de Thonon ;
  • pas de train ;
  • pas de bateau, à moins de faire le tour du lac en passant par Montreux, Vevey, Lausanne, pour ensuite revenir sur Evian.

La réouverture de la ligne ferroviaire favorisera la multimodalité et le report vers les autres modes de transports alternatifs.

Soulager de manière significative le trafic automobile

Par manque d’anticipation à améliorer les infrastructures routières et à déployer d’autres moyens de transports, le trajet routier entre Evian-les-Bains, Saint-Gingolph et l’autoroute A9 à Villeneuve est régulièrement engorgé dans les deux sens, notamment de part et d’autre de Saint-Gingolph à cause de la douane, et sur la H144 à l’arrivée aux Evouettes.

Lorsque les conditions météorologiques conduisent la CGN à suspendre ses navettes lacustres, parfois plusieurs jours durant, la paralysie se propage à la section complète entre Lugrin et Villeneuve.

Le RER Sud-Léman participera à réduire le nombre de véhicules sur la route, notamment la part des pendulaires qui se rendent en Valais.

Un exemple récent de congestion du trafic

20 juillet 2017 : travaux dans le hameau de Bret. Le feu tricolore tombe en panne vers 17h00, à l’heure de pointe. Tout de suite, un bouchon de 8 km se forme jusqu’au Bouveret. Selon certains témoignages recueillis sur les réseaux sociaux, il a fallu :

  • 50 minutes pour faire le trajet Saint-Gingolph-Locum (5 km), contre 5 minutes en temps normal
  • 1h30 pour faire le trajet Le Bouveret-Bret (7 km), contre 10 minutes en temps normal
  • 1h30 pour faire le trajet Monthey-Saint-Gingolph (21 km), contre 25 minutes en temps normal
  • 2h00 pour faire le trajet Maxilly-Vouvry (15 km), contre 30 minutes en temps normal

Un potentiel en constante augmentation

L’étude préliminaire (TTK, 2011) estimait à 3’000 voyageurs/jour le potentiel du tronçon Evian-les-Bains-Saint-Gingolph.

En 2016, environ 3’690 habitants du Pays d’Evian travaillaient dans le canton de Vaud et près de 1’100 travaillaient dans le canton du Valais.

Les projections tablent sur 1’590 pendulaires vers le Valais en 2025, et 1’920 en 2035 (étude Transitec, 2018).

Le potentiel de voyageurs sur l’axe Evian-les-Bains-Valais est de plus en plus important.

Préserver l’environnement naturel exceptionnel autour du lac Léman

Dans un environnement qui doit être préservé, la ligne ferroviaire représente la seule possibilité de transporter massivement des usagers en respectant l’environnement.

Une part minime de la population appelle à la construction d’une nouvelle route. En plus d’un impact écologique catastrophique à sa construction, puis à sa mise en service, une nouvelle route appellera encore plus de trafic routier et encore plus de poids lourds. Donc plus de pollution atmosphérique. De plus, sa construction impacterait directement les zones de captages des eaux minérales d’Evian.

L’infrastructure de la ligne ferroviaire (plate-forme, ponts, tunnels) existe déjà. L’impact de sa réouverture sera donc limité pour l’environnement.

Proposer un transport sûr pour la population

De l’avis de tous, et les statistiques le prouve, la route départementale 1005 est la plus dangereuse de la région. Il n’est malheureusement pas rare de se faire dépasser au milieu du hameau du Locum par des bolides lancés à plus de 80 km/h. Sur le premier semestre 2019, elle a fait plus de victimes mortelles que sur toute l’année 2018.

Le train est une solution de déplacement sûre pour la population, notamment les jeunes et les seniors.